la_poesie_des_grands_auteurs_2

trait


spleen_de_beaudelaire

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle,
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle,
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'espérance, comme une chauve souris,
S'en va battant les murs de son aile timide,
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses trainées,
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infames arraignées,
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux.

Des cloches tout à coup sautent avec furies,
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie,
Qui se mettent à geindre opiniatrement.

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'espoir
Vaincu, pleure, et l'angoisse atroce despotique,
Sur mon crane incliné, plante son drapeau noir.

ecussons_d_argent

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