lcristal_de_poesie
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18_l_arbre

Je suis enraciné dans le sol,
Voilà bien des siècles maintenant.
Je me nourris essentiellement de,
L’énergie solaire et je me baigne,
De ces rayons bienfaisants qui,
Régalent mon bel habillage,
Puis de l’eau venant du ciel,
Qui me nettoie en profondeur,
Qui ruisselle sur mes belles feuilles,
Et me voilà comme tout neuf.

Je vis dans le silence total,
Hormis le bruit de l’orage,
Et du vent qui caresse mon feuillage.
Les hommes passent sans me voir,
Me dédaignent s’ils me voient,
Et passent leur chemin pensifs, têtes en l’air.

Parfois, certains dorment près de moi,
Récitent un poème ou me parle,
Tout naturellement.
Je les écoute, je les entends, je les protège.
Je leur parle parfois, mais ils ne m’entendent pas.
Je suis triste, quand d’autres abrègent,
La vie de mes semblables pour en faire,
Des meubles de cuisine, des armoires,
Des maisons, des tables, des volets,
Ou bien encore des portes et des étagères.
Ils ne sont plus source de vie.
Hier encore, ils étaient tout près de moi,
Et me voilà abandonné, alors je pleure, j’ai froid.
Mais personne ne peut entendre mon chagrin,
Je suis bien trop en peine.
Et peut-être un jour, moi aussi,
Je finirai comme eux,
A être transformé en armoire, en buffet,
Ou bien encore en cercueil.
 
Mais rassurez-vous,
Pour me venger de ces hommes,
Qui ont de la sève de mes semblables,
Sur leurs grosses sales mains,
Je viendrai chaque soir les torturer.
Je serais présent chez eux dans leur meuble de moi,
Et pour les faire trembler d’effroi, croyiez-moi,
Sans âme et sans guéridon,
Sans haine et sans pardon,
Je vibrerai puis craquerai, assez fort,
Dans leur fichu meuble de bois.

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