Je suis
enraciné dans le sol,
Voilà
bien des siècles maintenant.
Je
me nourris essentiellement de,
L’énergie
solaire et je me baigne,
De
ces rayons bienfaisants qui,
Régalent
mon bel habillage,
Puis
de l’eau venant du ciel,
Qui
me nettoie en profondeur,
Qui
ruisselle sur mes belles feuilles,
Et
me voilà comme tout neuf.
Je vis dans le
silence total,
Hormis
le bruit de l’orage,
Et
du vent qui caresse mon feuillage.
Les
hommes passent sans me voir,
Me
dédaignent s’ils me voient,
Et
passent leur chemin pensifs, têtes en l’air.
Parfois,
certains
dorment près de moi,
Récitent
un poème ou me parle,
Tout
naturellement.
Je
les écoute, je les entends, je les protège.
Je
leur parle parfois, mais ils ne m’entendent pas.
Je
suis triste, quand d’autres abrègent,
La
vie de mes semblables pour en faire,
Des
meubles de cuisine, des armoires,
Des
maisons, des tables, des volets,
Ou
bien encore des portes et des étagères.
Ils
ne sont plus source de vie.
Hier
encore, ils étaient tout près de moi,
Et
me voilà abandonné, alors je pleure,
j’ai froid.
Mais
personne ne peut entendre mon chagrin,
Je
suis bien trop en peine.
Et
peut-être un jour, moi aussi,
Je
finirai comme eux,
A être
transformé en armoire, en buffet,
Ou bien encore en cercueil.
Mais rassurez-vous,
Pour me venger de ces hommes,
Qui ont de la sève de mes
semblables,
Sur leurs grosses sales mains,
Je viendrai chaque soir les torturer.
Je serais présent chez eux
dans leur meuble de moi,
Et pour les faire trembler
d’effroi, croyiez-moi,
Sans âme et sans
guéridon,
Sans haine et sans pardon,
Je vibrerai puis craquerai, assez
fort,
Dans leur fichu meuble de bois.


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